Article Entrevue avec Élizabeth Boivin

L’environnement au service de la mobilité

CDPQ Infra Montréal,
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Chez CDPQ Infra, le département environnement s’assure autant de la préservation des milieux naturels, du patrimoine, de l’architecture et de l’archéologie que du volet humain, incluant le climat sonore et l’impact des vibrations. Leur apport dans le développement de projets structurants d’envergure comme ceux du REM (actuellement en construction) et du REM de l’Est, est capital.

Cette équipe est pilotée depuis 2016 par Elizabeth Boivin, directrice de l’environnement, qui cumule plus de 25 ans d’expérience dans le domaine. Elle nous explique son travail et l’apport de son équipe dans la conception des grands projets d’infrastructures de transports publics de CDPQ Infra.

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Q. Sur quoi travaille l’équipe de l’environnement actuellement?
R. Notre plus gros chantier en ce moment est la préparation de l’étude d’impact en environnement pour le projet du REM de l’Est. L’objectif de cette étude est de cerner et d’évaluer les incidences environnementales en amont de la réalisation du projet afin de l’optimiser.

Nous débutons l’étude en décrivant le territoire où sera intégré le projet au niveau environnemental, patrimonial, architectural et humain. Nous décrivons ensuite les détails techniques du projet proposé et les impacts potentiels sur le territoire. Puis, nous articulons les mesures de mitigation (mesures mises en place pour atténuer les impacts) qui sont suggérées en réponse aux enjeux. Il y a aussi un volet important consacré à la phase d’exploitation, où des modélisations des impacts environnementaux sont proposées afin de vérifier que le projet respecte les critères, par exemple au niveau du bruit ou des vibrations et le cas échéant, prévoir des mesures de mitigation dès la phase de conception.

Concernant le REM en construction, l’équipe s’assure du respect des exigences environnementales sur les différents chantiers le long du tracé de 67 km.  Nous avons aussi à développer des projets de compensation environnementales pour les impacts résiduels du projet.

 

Q. Qu’est-ce qui vous surprend le plus dans votre travail?
R. Ce qui est passionnant est la diversité des disciplines que l’on couvre, dont le volet archéologique qui amène son lot de surprises! Avant la construction d’un projet d’infrastructure, nous effectuons des fouilles dans différentes zones, par exemple aux emplacements des futures stations, pour assurer que tout ce qui s’y trouve soit documenté et ramené à la surface afin d’être étudié. Il s’agit d’un prérequis du ministère de la Culture et des Communications. Ces fouilles nous ont permis à plusieurs reprises, dans le cas du REM en construction, de réaliser des découvertes qui nous renseignent sur l’histoire de Montréal. Le cimetière des Irlandais, près du pont Victoria, est un bon exemple où nous avons par ailleurs développé une technique inédite pour effectuer la fouille archéologique.

Dans le cas du REM de l’Est, l’aspect patrimonial est très présent, surtout sur le boulevard René-Lévesque.  Une analyse du patrimoine bâti est présentement en cours par nos équipes multidisciplinaires.

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Boulevard René-Lévesque

Q. Quels sont les moyens mis en place pour s’assurer qu’un projet comme le REM respecte les plus hauts critères environnementaux?
R. L’environnement est au cœur de nos priorités. Notre équipe travaille étroitement avec l’équipe d’ingénierie dont le mandat est de planifier le tracé. Cela nous permet d’être en amont dans le projet et d’influencer les choix en fonction de nos études et analyses environnementales.

Nous nous entourons de plusieurs consultants détenant une expertise pointue : acousticiens, archéologues, biologistes, experts du patrimoine bâti, urbanistes, ingénieurs, experts en sols contaminés, etc. Notre collaboration avec ces experts nous assure d’avoir des données fines menant à un portrait juste des impacts potentiels du projet afin de prendre les décisions qui s’imposent pour le tracé et la structure.

 

Q. Comment s’assurer que la construction de grands projets d’infrastructures comme ceux de CDPQ Infra aient un impact minimal sur l’environnement?
R. Notre équipe mise sur la stratégie « éviter, minimiser, compenser » en matière de protection de l’environnement. Ceci veut dire que l’on cherche d’abord à éviter les enjeux environnementaux dès les débuts du projet, lors de la phase de conception (phase avant la construction du projet). Pour ce qui ne peut pas être évité, nous déterminons des moyens efficaces pour minimiser les impacts à l’aide de mesures de mitigation. Par exemple, dans le cas de nuisances sonores pouvant être générées pendant la construction et l’opération du système, nous pouvons faire usage d’écrans acoustiques ou de silencieux sur les équipements. Finalement, ce qui ne peut être minimisé est compensé. Par exemple, lorsque nous sommes dans l’obligation de couper des arbres ou des arbustes, nous nous engageons à replanter ces arbres.

 

Q. Comment faire pour compenser les émissions de GES afin de réaliser un projet carboneutre?  
R. Pour atteindre l’objectif d’avoir un projet qui a une empreinte de carbone neutre, il faut trouver des mesures qui visent à compenser les émissions de CO2 produites durant la construction du projet. Effectivement, étant donné que le projet du REM est complètement électrique, la phase d’opération du projet n’émet pas de gaz à effet de serre (GES) donc nos interventions sont concentrées sur la phase de construction.

Plusieurs éléments sont alors à considérer, comme les méthodes de construction, l’échéancier, le nombre et le type de machineries utilisées, etc. C’est pourquoi nous commençons à planifier nos mesures de compensation avant même la construction du projet. Nous créons des modélisations afin d’estimer les tonnes de CO2 qui seront produites et nous proposons des méthodes pour compenser ces émissions de GES. La compensation des GES peut se faire par exemple par la plantation d’arbres ou l’achat de crédits de carbone.

Pour le REM en construction, nous nous sommes engagés à planter 250 000 arbres pour compenser les GES et nous aurons un plan de compensation tout aussi ambitieux pour le REM de l’Est.

 

Q. Quelle ville autour du monde vous inspire en matière d’intégration?
R. La ville de Portland en Oregon m’inspire par le développement de son réseau de transport collectif qui favorise les transit-oriented development (TOD), une approche visant à aménager des zones d’une ville de façon à favoriser l’usage du transport en commun. Cette ville a mis en place cette vision axée sur le transport collectif et la densité de la population dans les années 70. Cela leur a permis de limiter l’étalement urbain.

Je suis aussi inspirée par le développement des technologies et l’offre de transport qui se diversifie, offrant aux usagers une diversité de modes de transport : la voiture en autopartage, Netlift, BIXI, les passages piétonniers, etc.

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Portland, Oregon

 

Q. Quels sont les impacts positifs des grands projets d’infrastructures de transports publics électrifiés en ce qui concerne l’environnement?
R. Comme le REM est électrique, il n’y a pas d’émissions de GES, ce qui a un impact positif majeur pour l’environnement. Un projet comme celui du REM de l’Est contribuera à la réhabilitation des friches industrielles contaminées en raison des industries pétrochimiques établies depuis des décennies sur ce territoire. L’intégration des structures permettra aussi de bonifier l’aménagement paysager et de revitaliser certains secteurs.

L’impact environnemental principal des grands projets d’infrastructures de transports publics électrifiés est d’encourager un changement de comportement chez les citoyens des villes afin qu’ils délaissent l’auto-solo. C’est en offrant un système de transport collectif qui est fiable, rapide et agréable que nous pourrons entraîner ce changement.

J’ai la ferme conviction que lorsque la population montréalaise aura goûté au REM, il n’y aura plus de retour en arrière. Les tracés ont été imaginés pour répondre à des besoins existants, selon les pôles d’attraction, les mouvements de la population, et le réseau de transport déjà existant. Ils ont non seulement le potentiel d’impacter les déplacements liés au travail, mais aussi ceux liés aux loisirs, aux études, à la santé, et plus encore.

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